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Peram Lethor - Mémoires

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Message  Peram Lethor Jeu 24 Oct - 23:27

L’hiver fut rude, cette année. Et j’étais décidément bien heureux d’être à l’abri des intempéries fulgurantes et violentes du Nord. Je ne pouvais cependant m’empêcher de penser à mes parents, qui eux, devaient avoir bien du mal à chauffer la demeure familiale avec l’unique cheminée que cet imbécile d’architecte hurleventois avait placée dans la salle où mon père avait pris l’habitude de lire silencieusement, seul, ma mère vaquant à ses occupations. Mon cœur allait à Austrivage, alors que mon corps restait blotti très confortablement entre les murs de la prodigieuse cité de Dalaran. J’y avais désormais ma vie, bien qu’un peu de nostalgie se complaisait tendrement dans un recoin de mon cœur de lordaeronnais . Retournerais-je à ce village qui était le mien ? Reverrais-je les côtes, rêvant comme lorsque j’étais encore enfant de parcourir les mers, vêtu de l’uniforme de la prestigieuse marine de Kul Tiras ? Non, sans aucun doute. J’avais désormais d’autres ambitions. La vie de marin, de preux chevalier ou même d’aventurier n’était pas, ou plus, pour moi. Je suivais les enseignements d’un mage tout à fait vénérable de la cité, et je m’étais destiné, on m’avait destiné, à prendre sa place un jour, lorsque la mer se retirerait, laissant les vestiges d’un monde à yeux de tous, pour être à nouveau recouverts par la génération suivante.

J’étais assis là, regardant par la fenêtre de la majestueuse bibliothèque, rêvassant, ce qui n’était assurément pas dans mon habitude, avide de savoir que j’étais. C’est mon proche ami Amysh qui me sorti de mes songes par une tape amicale dans l’épaule, la vigueur de celle-ci laissant présager qu’une nouvelle « brillante » idée lui avait foudroyé l’esprit, l’enthousiasme emplissant ses veines, dopant ses pensées. C’était ainsi qu’il fonctionnait. Houleux, versatile, brûlant. C’était une flamme démoniaque qui dansait au rythme du destin, tournoyant de soucis à problèmes et d’ennuis à mésaventures, avec le brio d’un virtuose de l’esquive et de l’opportunisme. Il était si vivant qu’il irradiait, son inlassable sourire malicieux, ses yeux brillant m’inspirant, me faisant rêver comme je le faisais lorsque je regardais les vagues se briser contre la solide et immuable roche de la côte sud.
Il s’assit à mes côté, posant son coude sur le rebord de la fenêtre, se penchant vers moi en jetant un regard furtif aux alentours. Il avait de toute évidence débusqué le profit là où il était, l’avait tiré hors de son terrier pour le dépecer méticuleusement, se délectant de chaque goutte de sang coulant sur ses doigts agiles. Ceux d’un thalassien aux yeux brillants. Il me parla à voix basse. Je ne saurais retranscrire ici le langage qu’il m’a tenu, mes souvenirs s’envolant avec les années. Toujours est-il que sa « brillante » découverte, et elle semblait l’être sur le moment, était sa rencontre avec un mage qui semblait détenir un certain nombre de savoirs…Introuvables à Dalaran. Malheureusement, celui-ci avait besoin de matières première pour ses recherches, matières premières qu’il ne pourrait trouver, si ce n’est à Dalaran, à Lune d’Argent elle-même. Et la discrétion ne semblait être son point fort. Amysh avait bien entendu saisi l’occasion au vol, avec la vivacité d’un marchand gobelin, pour l’enfouir profondément dans sa poche, et me l’exhiber avec un sourire mi-narquois mi-présomptieux. C’était sa manière de me montrer son amitié. Mais je faisais fausse route. Il n’était pas venu ici pour fanfaronner, mais pour me proposer de participer à cette palpitante aventure. Ma surprise fut telle que mes yeux s’écarquillèrent l’espace d’un instant. Cet instant qui l’informa qu’il avait touché la corde sensible, que la graine qu’il avait plantée il y a des années avait germée pour donner un riche arbre qui lui tendait chaque centimètre, chaque instant de son existence pour l’inviter à en dérober les précieux fruits et s’en nourrir salement.
Il était bien embêté de ne pouvoir lui-même fournir cet étrange ami qu’il avait, n’ayant pas tous les accès aux laboratoires d’enchantement, que je visitais librement.
Enfin, Amysh devrait ravaler ses sarcasmes, pyromancien qu’il était, et devrait se plier à la volonté de son camarade. Qui accepta avec avidité, joie et détermination de participer à cet échange de bons procédés. En effet, le thalassien lui avait promis ces matériaux en échange de ces quelques savoirs interdits. Quels qu’ils soient. Le temps pour moi était venu de devenir quelqu’un qui saurait danser, virevolter, séduire et sourire.
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Message  Peram Lethor Jeu 24 Oct - 23:28

Quelques semaines plus tard, notre petit commerce fonctionnait. Presque seul à vrai dire. En tout cas, c’était le cas pour mon ami qui jouait les intermédiaires avec enthousiasme. Peut-être un peu trop d’enthousiasme, en réalité. Il arrivait souvent qu’il me morigène pour mes retards de livraison, entrant dans une rage noire, si noire. Même s’il ne pouvait hurler, discrétion oblige, le son de sa voix me percutait comme un projectile arcanique bien placé. Qui était-il pour me parler sur ce ton, après tout ? Certes, j’avais du retard. Mais n’était-ce pas moi qui relevait les manches pour nous procurer le matériel, notre monnaie d’échange ? Alors que lui se contentait d’utiliser ses dons naturels pour l’éloquence, le marchandage. Il ne faisait aucun effort ! Mais ma colère restait, et restera, silencieuse. Il n’était pas bon d’affronter Amysh, ne serait-ce que verbalement. D’ailleurs, depuis quelques semaine que nous avions commencé à obtenir les apprentissages de notre obligé, les colères d’Amysh se faisaient plus nombreuses, et plus violentes. Cela dit, il fallait également comprendre la position qu’il avait. D’une certaine manière, il me protégeait du moindre problème.
Je secouai un peu la tête pour me sortir de mes pensées vagabondes. Ce n’était pas l’heure à la rêverie, mais l’action.
Je n’avais pas besoin d’attendre la nuit pour accomplir ma mission. Les étudiants en enchantement étant peu nombreux, les laboratoires étaient pour la plupart vides de mage, seuls quelques uns servant réellement. C’était ainsi à Dalaran. Ces notions d’espace et de rentabilité n’avait que très peu cours ici, bien que, justement, ce soit évidemment l’enchantement qui était la spécialité de loin la plus rémunératrice. Ainsi que la plus austère. L’activité des couloirs des écoles d’Abjuration et d’Invocation étaient bien plus animés. Et risqués. Tandis que l’école de Divination était d’un calme à toute épreuve. Mais voilà que je m’égare à nouveau.
J’étais dans un des laboratoires, à la recherche d’un certain nombre de composants, de la poussière d’os et des cristaux prismatiques. La poussière d’os était simple à trouver, et il ne me fallu que quelques minutes pour en remplir quelques bocaux que je rangeai vite dans mon sac, porté en bandouillère. En revanche, les cristaux n’étaient pas rangé dans ce laboratoire, mais dans celui de mon maître en personne. C’était un homme calme, et extrêmement sage, et bien que le temps aie gravé son passage sur son visage, il semblait toutefois encore animé d’une vitalité extraordinaire. Facétieux, il se plaisait à enseigner son art au travers d’expérimentations, et ne manquait pas de souligner les erreurs de ses élèves de quelques phrases malicieuses. Son laboratoire n’était pas situé dans une tour extravagante comme celle de l’Archimage Antonidas, ni dans l’un de ces souterrain obscures que certains affectionnaient. Il était tout simplement à côté de sa chambre , elle-même installée en face de la pièce dans laquelle je me trouvais.
Je me faufilai alors à l’intérieur, l’estomac un peu serré à l’idée de pénétrer dans son sanctuaire, mais l’envie et l’adrénaline eurent vite fait d’écarter ce petit désagrément. Les cristaux étaient posés au fond de la pièce, dans une petite vitrine dans laquelle ils flottaient, infatigable, dans les airs, une douce lumière violette émanant d’eux, venant illuminer les fioles posées à leurs côtés. La vitrine n’était protégée par aucun loquet, ce qui ressemblait bien à son propriétaire. Il me suffisait alors de pousser la petite porte qui les maintenaient à l’intérieur pour m’en saisir et…
Une voix ! Deux hommes parlant fort, se disputant apparemment et…se rapprochant. D’un bond, j’étais sous la table de travail du laboratoire tandis que la porte s’ouvrait, offrant à mes yeux deux paires de pieds. Les deux hommes, qui étaient en réalité des elfes parlaient en thalassien, et je n’ai jamais été doué pour les langues, aussi, je ne saurais retranscrire ici leurs paroles.
Il ne restèrent pas longtemps, et je pus reprendre ma tâche à la hâte, ne m’extasiant plus un seul instant sur les merveilles qui m’entouraient pour venir saisir les cristaux, les fourrer dans mon sac et refermer doucement la porte du laboratoire que je quittai sans regret, mon cœur semblant faire plus de bruit que mes pas.

Je remis ensuite les cristaux Amysh, qui les livreraient ce soir. Et ce soir serait un grand soir, puisque le mage énigmatique avait décidé de nous donner un nouveau et plus grand fragment de son savoir, heureux de constater nos efforts à remplir notre part du contrat. Aussi, il nous avait donné rendez-vous à l’extérieur de la cité, sur les rives du lac Lordamere, un peu plus au nord. Il nous fallait donc nous mettre dès maintenant en route.
Nous étions alors en l’année 17, et mes études touchaient bientôt à leur fin.
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Message  Peram Lethor Jeu 24 Oct - 23:29

Nous avions emprunté des chevaux aux écuries, en échange d’une faible caution, et nous avancions droit vers le nord. A cette époque, pour ceux qui ne l’auront pas connue, Lordaeron était d’une puissance inégalable. Bien que l’Alliance du Nord se soit fissurée à l’issu de la Seconde Guerre, Alterac démantelé, Gilnéas refusant de payer les camps d’internement orcs – ce qui était tout à fait compréhensible – et Stromgarde quittant l’Alliance, peu satisfaite du tracé de ses nouvelles frontières, nous vivions en sécurité et la guerre était, il faut le dire, loin de nos pensées à présent, bien que quelques escarmouches provoquées par des trolls venaient nuancer l’idylle. A cette époque, Dalaran n’était pas loin du lac sur lequel la puissante cité de Lordaeron (En effet, Lordaeron ayant donné le nom d’une ville, puis d’un royaume et enfin, un continent, il est légitime de s’interroger sur les chevilles de leur dirigeant, le roi Terenas, qui, en réalité, était un roi doux et inquiet de son peuple), et nous avions pris suffisamment d’avance pour nous permettre de ralentir le rythme, flânant, bavardant de choses et d’autres. Amysh aimait me parler de sa famille, à Quel’Thalas, bien qu’il n’aie aucunement l’intention de retourner les voir. Dalaran lui plaisait, bien qu’elle soit contrôlée d’une main de fer par le Kirin Tor, qu’il aimait beaucoup moins. Il aimait trop la liberté et la puissance pour apprécier un ordre qui lui serait supérieur.
La nuit, et le froid que ceux qui auront arpenté les plaines nordiques n’auront assurément pas oublié, commençaient à tomber, et les nuages arboraient la couleur du sang frais lorsque nous arrivions enfin au lieu de rendez-vous.
Le mage nous attendait déjà et avait, semblait-il préparé quelques accessoires pour nous donner notre leçon. Une table, sur laquelle des objets masqués d’un drap blanc, avait été installée. Nous ne nous demandions pas un instant par quel procédé elle avait atterri là, habitués que nous étions à toutes sortes de bizarreries qui les descendants des Arathi auraient volontiers brûlés en place publique. Sa robe noire, son bâton, d’une simplicité absolue, tenu avec fermeté et sa capuche relevée, masquant son visage, ne nous offrant que sa mâchoire sur laquelle nous pouvions deviner quelques rides, tout propageait autour de lui une aura de puissance qui forçait notre respect, titillait notre curiosité et nous pétrifiait simultanément.
Arrivés à quelques mètres de lui, nous descendions de nos montures, et tandis qu’Amysh allait le saluer avec un respect et une diligence que je ne lui connaissais pas, je détachais le sac contenant les matériaux. Me voyant arriver près d’eux, le mage, sans un mot, par un geste de la main, m’indiqua de le poser au pied de la table. Approchant de celle-ci, je fixais avec curiosité et appréhension, ce qui ne semblait plus être quelques objets, mais un seul, uniforme. Lorsque je me penchais pour déposer le sac, je fus pris d’une envie de jeter un œil à cette chose, mais cette idée farfelue ne me resta pas en tête. Le mage me fit signe de me relever et de retirer le drap blanc, et, comme subjugué par ses gestes adroits et lents, dégageant une force certaine, je m’exécutai, dévoilant sur la table de bois le cadavre d’un homme, libérant l’odeur de la mort qui s’enfiltrait insidieusement dans mes narines qui suppliaient déjà que le calvaire s’achève. Mes yeux restèrent braqués sur le cadavre, gonflé par le temps comme un ballon, la peau craquelant par endroit pour laisser s’échapper quelques liquides gluants et infâmes. Un corde qui avait été coupé restait autour de son cou et avait laissé une trace noire, ne contrastant que peu avec le vert foncé que sa peau avait pris avec l’usure du temps, les traces de la mort rampant dans son corps, marquant ce qu’il restait de cet homme du sceau de la décrépitude. Son cou, d’ailleurs, formait un angle étrange, laissant sa tête libre comme celle d’un pantin désarticulé, la bouche entrouverte comme horrifié par ce qu’il était lui-même devenu : Un tas de chair putréfiée, pourrie, suintant et empestant l’air.
Alors que je reculais de quelques pas, trébuchant sur une pierre qui dépassait vilement du sol, me retrouvant les fesses dans l’herbe tout aussi humide que le corps exposé sur la table, cette pensée faisant naître en moi un haut-le-cœur de dégoût, j’apercevais Amysh, qui semblait très intéressé par ce que le mage, qui avançait lentement jusqu’à sa révulsante mise en scène, allait faire. Je regardais tout ceci comme l’on regarde un spectacle ahurissant, oscillant entre l’exaltation et le dégoût. Le mage nous expliqua qu’il s’agissait d’un homme qui avait été pendu dans le comté de Darrow. Un voleur, un menteur et un homme violent. Il avait mené sa vie en misérable et était mort en misérable. La petite trace de son passage dans ce monde serait vite effacée, et son existence resterait alors ce qu’elle se prédestinait à être : une existence vide de sens. Il nous expliqua qu’il était de notre devoir, nous, mages, de faire ce qui est bon pour l’humanité. Soigner le peuple de ses maux. Et celui de cet homme était sa vie passée. Il allait donc lui accorder une seconde chance. Nous allions lui accorder cette seconde chance. Sa voix était grave, et les mots raclaient contre sa gorge comme si elle tentait elle-même de les empêcher de sortir. Il nous fit signe de nous approcher de lui. Amysh inclina la tête et avança d’un pas assuré vers le mage alors que je me relevais, tremblant un peu, pour me poster aux côté de mon ami. Sur la table était posés deux papier, sur lesquels étaient inscrits une incantation dont la forme, la logique même, m’échappait totalement. Alors que nous prenions chacun un papier, notre enseignant de ce soir commença son incantation, que nous reprenions en cœur. Mon ventre me faisait souffrir à chacune de mes paroles, ma gorge devait ressembler à celle du voleur et les ongles de ma main libre tentaient d’arracher toute la peau qui était à leur portée, sans succès. Nos voix résonnaient à l’unisson, rebondissant sur l’eau du lac, portant nos mots à quelques sombres oreilles qui, tapies quelques part dans l’obscurité, écoutaient toutes les paroles blasphématoires et les cris des âmes emprisonnées.
Lorsque nous eurent fini de psalmodier, un lourd silence se fit entendre. Je n’osais regarder autre chose que mes mains, honteux, faible et brisé. Le cadavre se mit ensuite en mouvement après quelques longues minutes. J'entendis la peau se fendre, se déchirant dans un gargouillement sinistre, pour rester collée contre le bois aussi froid, alors que ce corps maintenant animé se relevait lentement, machinale. Mes yeux écarquillés croisèrent le regard sans vie de la créature qui se tournait alors vers moi, sa tête pendante, rejetée en arrière, dévoilant un peu plus sa gorge boursouflée, un chancre infâme coulant dans ses lèvres entrouvertes. L'odeur prenait en intensité, lourde, assomante de puanteur. Ma bouche resta ouverte comme pour crier silencieusement, contemplant notre terrible oeuvre.
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Message  Peram Lethor Jeu 24 Oct - 23:38

Je regardais distraitement la flamme de mon unique bougie danser, projetant des ombres difformes sur les murs de la pièce unique où je vivais. De longs mois s’étaient écoulés depuis notre rencontre avec le nécromancien, mais le honteux et terrible souvenir du cadavre s’animant comme un pantin nauséabond et brisé me hantait toujours. Je jetais souvent d’inquiets regards par-dessus mon épaule, tentant de débusquer les fantômes qui semblaient me poursuivre. J’en étais convaincu. Il n’était pas imaginable qu’il nous laisse en paix, son secret révélé à nos yeux.
A vrai dire, l’explication était simple. Bien que je ne pouvais continuer sur cette voie, Amysh ne comptait pas rompre le contrat que nous avions lié avec notre « ami ». Je ne pouvais le laisser seul à la merci du mage sombre, qui serait de toute évidence très contrarié de ne plus avoir notre coopération. Et nous ne pouvions pas, bien entendu, en référer au Kirin Tor, qui aurait certainement fort peu apprécié mes « emprunts » dans les laboratoires. Nous devions continuer, en espérant qu’il n’aurait bientôt plus besoin de nos services.
Il était tard, et ce soir là, contrairement à l’habituel climat nordique, la nuit était chaude, les beaux jours étaient revenus. Assis devant ma table ronde de bois, vieillie et marquée par le temps, ainsi que par les messages qu’avaient laissé ceux qui étaient passés dans cette chambre avant moi, la bougie brûlant doucement en son centre, posée là, comme dans l’idée de procéder à quelques rituels blasphématoires, je laissais mes idées s’envoler par grande fenêtre ouverte non loin, filant vers les étoiles, disparaissant dans l’épaisseur moite d’une nuit d’été. En bas, j’entendais les rires, le tintement des verres s’entrechoquant, les pas tapant le sol dans une danse effrénée rythmée par les sonorités de quelques troubadours de passage. La plupart des habitants de Dalaran célébraient la venue prochaine de l’été, qui aurait lieu dans trois jours, point culminant de la fête du solstice, tandis que d’autres restaient à l’écart, plongés dans quelques tâches ingrates ou difficiles, ou encore hantés par d’angoissant souvenirs. Je sursautais à chaque feu d’artifice ou explosion magique éclairant le ciel, projetant sur mon visage blafard de la lumière colorée, éclairant un peu plus mes murs vides de toute décoration.
Les ingrédients que le mage nous demandait étaient de plus en plus difficiles à subtiliser, certains ne se trouvant même plus dans mes lieux de cambriole habituels. Et ce soir, je serai obligé d’innover, car c’était auprès d’un marchand douteux que je devrai me fournir. Je ne savais pas où était Amysh à cet instant. Il avait pris l’habitude de m’accompagner lorsque la situation le nécessitait mais je ne l’avais pas vu depuis quelques jours déjà. Sans doute était-il ivre quelque part dans les rues.
Machinalement, je m’approchai de mon armoire, dans laquelle je stockais toutes les vivres que je ne pouvais invoquer moi-même. L’ouvrant doucement, je saisissais une bouteille de ce whisky importé d’Arathi, lui-même acheté auprès des bouilleurs de cru nains. Attrapant un verre au passage, je me servais un fond d’alcool, posant ensuite doucement la bouteille sur la table, sirotant la liqueur en me postant près de ma fenêtre, observant distraitement les rues tandis qu’intérieurement, je me remémorais le plan des lieux que j’allai visiter quelques instants plus tard. Mes yeux se perdaient dans le vague, mais mon esprit était alerte. Trop alerte, et ce whisky était tout à fait disposé à l’alléger de ses inquiétudes.
Mon regard vint se poser sur la rue en contrebas, observant les passants se diriger vers la place principale de Dalaran, où Antonidas lui-même prendrait la parole afin d’apposer sa sage bénédiction sur les festivités. Mon cœur s’arrêta de battre une fraction de seconde. Mon verre s’échappa de ma main tandis que mes yeux écarquillés percevaient deux agents du Kirin Tor se dirigeant vers le bâtiment dans lequel je résidais, d’un pas vif, alertes. Nous savions tous qui ils étaient. Leur air sombre, déterminé et formel, leur tabard impeccablement propre et lisse, leur démarche presque militaire. Il s’agissait de la section chargée de s’occuper des abus arcaniques.
Alors que le liquide coulait lamentablement sur le sol de pierre, ils disparurent de mon champ de vision, et c’est avec empressement que je sautais vers ma porte, clé dans la serrure pour la fermer à double tour avant de monter sur le rebord de ma fenêtre de d’effectuer un transfert vers la rue. Je ne pouvais évidemment pas simplement disparaître grâce à une téléportation. S’ils venaient pour moi, il était certain qu’ils l’auraient détectée. Je devais trouver Amysh le plus rapidement possible, et je me mis à courir dans les rues, regardant régulièrement derrière moi, vérifiant si quelques silhouettes mauves étaient à mes trousses.
C’est non loin de l’entrée des profondeurs de la citée que je trouvais mon acolyte, ivre comme je l’avais prévu, mais pas inconscient. Il discutait bruyamment avec une thalasienne qui semblait pendue à ses lèvres. Je m’approchais à grands pas lorsque j’aperçus sur ma droite un autre duo d’agents débouler dans la rue. Je n’eus le temps que de me jeter sur le côté, me cachant contre le mur pour voir l’un d’entre eux soulever Amysh dans les airs, paralysé. La thalasienne laissa un cri s’échapper de sa bouche délicate. Les agents s’approchaient encore de mon ami et me donnait bien la preuve qu’ils venaient pour nous. Je n’avais plus d’autre choix que de m’enfuir jusqu’aux écuries, où je pourrai prendre un cheval afin de m’évanouir dans la nature. Prenant le pas, jetant un dernier regard déchiré à Amysh qui recevait les indications de rigueur, je me fondais dans la foule.
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Message  Peram Lethor Jeu 24 Oct - 23:42

En principe, je devais passer par la fameuse place où l’archimage prendrait la parole. J’avais décidé d’évoluer en marge de celle-ci, évitant ainsi d’être ralenti par la masse des personnes hypothétiquement présentes, bien que les rues adjacentes étaient elles aussi loin d’être vides. Je n’étais plus très loin lorsque je vis du coin de l’œil l’un des deux agents qui étaient venus pour me trouver chez moi, courant derrière moi. Poussé par l’adrénaline, la sueur perlant sur mon front, je bifurquai sur la gauche, essayant d’être hors de sa vue. Arrivant au bout cette énième rue, je le vis débouler à toute vitesse, se prenant finalement les pieds et fauchant une femme passant par là. Je l’entendis vaguement lâcher un juron de colère alors que je bifurquai de nouveau, me soustrayant de nouveau à ses yeux. Souriant légèrement, rassuré par ma victoire fortuite, je ralentissais un peu la cadence afin de préserver mes forces lorsque une pression terrible de fit sentir sur ma gorge, me stoppant net et laissant mes jambes partir seule en avant, pressant un peu plus mon cou contre cette force invisible qui me soulevait peu à peu dans les airs. Je jetais des coups d’œil paniqués aux alentours et c’est arrivé à près de 5 mètres du sol que je vis le mage sur un des toits la main pointant dans ma direction, ses doigts serrant ma gorge. Je me débattais comme je le pouvais tandis que je sentais la pression dans mes yeux dangereusement augmenter, devenant rouges. Mes poumons imploraient que ce calvaire cesse tandis que mes mâchoires serrées ne laissaient s’échapper que quelques gémissements de douleurs. Je me tortillais comme un vers dans cette rue vide, impuissant, maitrisé. D’un geste désespéré, produit du mélange d’adrénaline et d’instinct de survie, je laissais un peu au hasard une boule de feu dans la direction du mage qui me retenait prisonnier de son esprit puissant. La boule vint s’écraser contre le rebord du toit et je vis ses yeux s’écarquiller de surprise alors que les tuiles commençaient à glisser pour s’écraser vers le sol, lui-même les suivant, tout un pan de la toiture heurtant sa tête, le plongeant dans un sommeil profond, tandis que son corps alla se fracasser contre le sol, du sang venant rapidement couler sur les pavés, sa nuque formant un angle inquiétant, qui témoignait de sa mort brusque.
La pression contre ma gorge se relâcha, et je retombais également sur le sol, reprenant mon souffle en me massant, assis sur les pavés. Une fois que j’eus un peu récupéré, je me rendis compte de ce qu’il s’était passé. Hagard, me relevant mollement, je ne savais que faire. Mais je n’eus le temps d’y penser, voyant le coéquipier de l’agent défunt arriver en courant derrière moi. Je me remis alors à courir comme je pus, animé de la force du désespoir. Je vis celui-ci s’arrêter près du corps sans vie étalé au milieu des débris et je disparus cette fois pour de bon dans les ruelles. Je ne pris pas la peine d’acheter un cheval, quittant immédiatement la citée pour m’évanouir dans la nature.
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Message  Peram Lethor Ven 25 Oct - 12:08

Nombreuses sont les années qui se sont écoulées depuis ma fuite de Dalaran. Durant tout ce temps, j’ai pu parfaire ma maîtrise du camouflage, me faisant oublier du Kirin Tor, changeant d’identité. Mon nom commença à être oublié, et les horreurs du Fléau Mort-Vivant, dont je n’avais alors aucune connaissance, fut tristement bénéfique à ma situation. Vivant reclus, toujours en partance, fuyant un ennemi qui avait cessé de l’être par la force des choses, j’étais loin de me douter des évènements qui se produisaient dans mon pays natal.
Ce n’est que bien plus tard, une fois la Légion repoussée, que j’appris, par la rencontre fortuite d’un étrange marchand itinérant, que Dalaran avait était presque entièrement rasée, que l’alliance avait combattu aux côtés de ces monstres à peau verte, et qu’une guerre d’un genre nouveau se déroulait à Lordaeron.
Je fis alors route vers le Nord, passant par Forgefer, pour remonter jusqu’à Arathi, puis Alterac. C’est sur ces terres que je fis la rencontre de Thorilin, un jeune nain lancé sur les sentiers de la guerre, qui partagea mon bivouac. Celui-ci me parla de son épopée, aventurier et futur explorateur, il me raconta avec enthousiasme les recherches archéologiques qu’il souhaitait mener. Ces recherches l’amenèrent à me parler du clan Foudrepique, et du conflit qui l’opposait aux orcs loup-de-givre. L’idée me vint alors de me joindre à lui. En effet, je n’étais retourné dans le Nord depuis tant d’années, tant de choses s’étaient passées. Et la menace du Kirin Tor planait toujours dans mon esprit, le visage d’Amysh me hantant alors chaque nuit.
Les nains m’accueillirent avec joie et m’apprirent à utiliser mes connaissances sur un champ de bataille. Y avait-il meilleure cachette ? Niché dans la Vallée d’Alterac, les nouvelles venaient sur le front et me parlaient de mon pays. Je passai encore quelques années en compagnie de mes compagnons d’armes, m’oubliant peu à peu dans une guerre dans laquelle j’épongeais mon désespoir, perdant peu à peu la notion du temps. Seul me guidait le rythme des assauts. J’étais devenu un mage de bataille accompli, usant avec habitude de sortilèges dévastateurs qui autrefois me donnaient la nausée.
Vinrent alors les nouvelles de la destruction d’Austrivage par les nouveaux alliés de cette Horde démoniaque. Ceux qui se faisaient très judicieusement appeler « réprouvés ». Une terrible engeance, une force destructrice, ennemie jurée de tous les êtres vivants. Une force que nous avions mise au point. Je décidai alors de quitter la Vallée d’Alterac, mon cœur réclamant vengeance, en deuil.
C’est ainsi que je fis de nouveau route vers Hurlevent, afin d’y rencontrer la recruteuse d’un ordre qui m’était inconnu jusque là, le Printemps d’Alterac. Jurant de ne jamais laisser de répit aux mort-vivants et à ceux qui avaient osé s’associer à eux, je reparti pour le front septentrional.
Cette compagnie, bien qu’efficace sur le champ de bataille, était dysfonctionnelle, et malgré mon accession au poste de diplomate – qui n’était, disons le clairement, qu’une fonction fantoche – je ne pus stopper son autodestruction. Ou bien sa destruction. Détruite de l’intérieur par, malheureusement, une compatriote d’Austrivage, Mayan Bruleciel, le Printemps d’Alterac vit ses alliés se retourner contre lui. Sa dislocation amena la fuite.
Je décidai alors de faire de nouveau route vers le Sud, de nouveau exilé de ma terre natale, ne demandant qu’à la défendre. C’est aux Carmines qu’ils me retrouvèrent.
J’avançai alors tranquillement sur le chemin qui menait de Comté-du-Lac jusqu’à Hurlevent, mon cheval fraichement nourri et reposé avançant au pas. En ce mois de juin, il faisait une chaleur étouffante, et, en parti assommé par la température ambiante, je laissais mes pensées s’envoler vers de lointains horizons. Flattant l’encolure de ma jument, je nourrissais l’espoir de rejoindre les Tarides où je pourrai combattre, avant de revenir en Lordaeron. Soudain, je fus violemment propulsé sur la droite, éjecté de ma selle. Le choc de mon corps heurtant lourdement le chemin me coupa le souffle, tandis que je jetai quelques regards hagards, tentant de discerner un être malfaisant à travers un nuage de poussière qui encrassait ma gorge qui peinait déjà à amener l’air à mes poumons. Alors que je tentai de me retourner sur le dos afin de pouvoir me défendre, une force invisible me plaqua au sol, face contre terre, mes mains liées magiquement dans mon dos, ma voix réduite au silence. L’assaut fut fulgurant. Des bottes apparurent enfin à mes yeux, ainsi qu’un petit bout d’un tabard violet.
- Vous ne croyiez tout de même pas que nous vous avions oublié, n’est-ce pas ?
Je fus alors conduit à Dalaran, marchant dans les rues flanqué de ces deux limiers du Kirin Tor qui m’avaient capturé, comme une bête sauvage. Comme un orc. Et ceux-ci n’avaient rien à envier à ma destination. En effet, dans l’attente d’un jugement, j’ai vécu comme un criminel notoire, détenu dans les fameuses prisons arcaniques de Dalaran, le Fort Pourpre.
Quelle ne fut pas ma surprise, lorsqu’enfin je pus sortir de ma torpeur, me rappelant alors la grande chute de Kael’Thas, le comprenant finalement plus que jamais.
Mais l’heure n’était pas à mon exécution. En lieu et place de ce que je pensai être une potence, je découvris un simple bureau, où l’on m’invita à expliquer les faits qui m’étaient reprochés. Je ne fis pas attention, de prime abord, à la population « allégée » de la cité que je redécouvrais pour la première fois depuis tant d’années.
Je racontai alors mon histoire, celle d’Amysh et du nécromancien qui avait tenté de nous rallier à ce qui serait plus tard connu comme le Culte des Damnés. Je racontai ma fuite, et ce terrible accident mortel. Je racontai mon exil, et mon départ pour la guerre. L’agent me dévisagea un moment, puis sorti un instant de la pièce, me laissant seul, toujours magiquement entravé, incapable de quoi que ce soit. Il revint quelques minutes plus tard. Il m’expliqua alors que Theramore était tombée, subissant un sort à peine plus enviable qu’Austrivage. Il me parla de l’implication des Saccage-Soleil dans cette attaque, de Dame Portvaillant et de la Purge de Dalaran.
Mon histoire, mais plus certainement leur enquête, les avait apparemment convaincus et j’étais loin de me douter de l’offre qu’on allait me proposer. Après quelques échanges, je ressortais finalement libre de ce bureau. Ma vie avait était négociée, marchandée. Mais je l’avais. La vie sauve. J’étais devenu un informateur du Kirin Tor, et on me laissa aller.
Je compris vite que la Purge avait laissé une profonde cicatrice au sein de Dalaran, et la ville n’avait plus grand-chose en commun avec celle que j’avais connue. Peu importe, ma soif de combattre n’avait toujours pas disparue et Garrosh semblait de plus en plus préoccupant. Il était temps pour moi de rallier le front des Tarides.
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